En 1545 la France et l'Angleterre étaient en guerre. Henry VIII d'Angleterre a dépêché sa flotte dans le Solent (le brin de mer qui sépare l'Ile de Wight de la côte sud de l'Angleterre) pour contrer une attaque surprise de la flotte française. Son bateau amiral - Le Mary Rose (baptisé en l'honneur de la soeur du souverain), compte 600 à 700 hommes dans son équipage. Par un temps relativement calme avec peu de vent le bateau déploie ses voiles et effectue un virage serré pour affronter l'ennemi. C'est à ce moment là que le bateau chavire, prend l'eau et coule. Seuls 30 à 35 marins survivront. Ce drame se déroule sous les yeux du roi.
Trois siècles plus tard, dans les années 1830 et 1840, les frères Deane ont retrouvé l'épave du bateau et ont ramené quelques objets, dont plusieurs longbows.
L'épave, à nouveau perdue, a été retrouvée une seconde fois dans les années 1960 par Alexander McKee. La fondation Mary Rose fut créée avec comme objectif ambitieux, la levée de l'épave. Mais avant d'entreprendre une telle opération il fallait examiner minutieusement le site archéologique afin de sauver un maximum d'objets.
C'est en 1979, sous la direction du Dr. Margaret Rule, qu'un plongeur a ramené le premier longbow de l'épave. Cette première découverte a été suivie de bien d'autres - notamment plusieurs "coffres à arcs" (bow coffins) contenant des arcs dans un état de conservation tel que l'un des experts a dit : "on dirait qu'ils ont été fabriqués la semaine passée".
Au total quelques 140 longbows (majoritairement en if) et 2500 flèches ont survécu aux affres du temps et ont été récupérés dans l'épave du bateau qui a coulé en 1545 - il y a plus de 450 ans !
On a demandé à l'historien de l'arc et acteur britannique Robert Hardy (auteur des livres Longbow et The Great Warbow) d'examiner les arcs récupérés. Pendant deux ans, patiemment, Hardy a soigneusement séché les arcs dans un local spécialement aménagé. Le séchage s'est effectué grâce à une température et une hygrométrie constante.
Les études suivantes ont porté sur la fabrication et sur une estimation de la puissance des arcs du Mary Rose. Aujourd'hui, grâce et cette merveilleuse aventure, nous en savons beaucoup plus sur l'arc de guerre de la fin du moyen age. Les arcs du Mary Rose ont été fabriqués une centaine d'années après la bataille d'Azincourt, mais tout laisse à supposer que la conception de l'arc de guerre avait peu changé entre ces deux périodes.
Le rêve d'Alexander McKee s'est réalisé le 11 octobre 1982. L'épave est sortie des eaux boueuses du Solent après plus de quatre siècles. Aujourd'hui elle est conservée en cale sèche. Les visiteurs peuvent l'admirer dans un local aménagé par la Fondation Mary Rose sur la base navale de Portsmouth en Angleterre. Visitez le site web du Mary Rose Foundation.
Selon les estimations du professeur B. Kooi les longbows du Mary Rose avaient des puissances allant de 100 à 180 livres. Le plus grand groupe étant les arcs de 150 à 160 livres.
Plusieurs facteurs d'arc contemporains (Pip Bickerstaffe, Celestino Poletti, Steve Stratton et bien d'autres) fabriquent à nouveau aujourd'hui des War bows de la même taille et de la même puissance que les arcs retrouvés sur le Mary Rose.
Venez rendre visite aux Archers du Genevois et vous aurez la chance de voir un War Bow de type Mary Rose en action.
Rich the Archer